LA mangrove
La mangrove souffre d’une mauvaise réputation. Mystérieuse, difficile d’accès, elle est pourtant un espace naturel riche, parmi les plus productifs en biomasse du monde ! Elle constitue également un rempart de protection essentiel de nos côtes et participe à la résilience de nos territoires face au changement climatique.
Qu’appelle-t-on mangrove ?
Formation végétale située à l’interface entre les milieux terrestres et marins, la mangrove est un écosystème qui abrite une biodiversité marine et terrestre unique. La mangrove littorale est composée de :
- la frange littorale quasiment exclusivement peuplée de palétuviers rouges.
- la frange arbustive, zone médiane abritant des palétuviers noirs et blancs
- la frange haute composée de palétuviers blancs et gris
En arrière de ces premières ceintures se trouve un autre type de forêt humide composée principalement de Mangles médaille.
Les actions de reconquête de biodiversité menées dans le cadre de Cáyoli concernent particulièrement la culture de palétuviers rouges, blancs et noirs ainsi que la protection des mangroves par une mise en valeur écotouristique de certains sites.
Le saviez-vous ?
Dans les territoires où elle est implantée, la mangrove génère des croyances et des usages particuliers. En Guadeloupe, le bois des palétuviers était utilisé pour produire du bois de chauffe, ses feuilles vertes étaient préconisées pour les femmes après l’accouchement et l’extrémité des tiges qui n’était pas entrées en contact avec l’eau de mer s’employait contre les maux dentaires. La mangrove a servi de refuge aux « Neg Mawon », les esclaves qui ont lutté pour leur liberté en fuyant la propriété de leur maitre. S’échapper dans cet espace jugé inhospitalier leur permettait de perdre les chiens lancés à leur poursuite. Pour se protéger des piqûres d’insectes, les « Neg Mawon » s’enduisaient de la vase de la mangrove donnant naissance dans l’imaginaire à d’effrayants zombies, les fameux soukounians.
Aire géographique
Tout comme les coraux, la mangrove se rencontre dans les milieux tropicaux et sub-tropicaux (soit entre 30° de latitude Nord et Sud). Elle représente aujourd’hui près de 150 000 km² à travers le monde.
Source site web « la planète revisitée » partenaire du Museum National d’Histoire Naturelle http://www.laplaneterevisitee.org/fr/79/le_hotspot
Mondialement, il existe plusieurs bassins de mangrove importants :
- En Asie du Sud-est, de l’est de la péninsule indienne jusqu’au Japon et au sud pratiquement jusqu’à l’Australie
- En Afrique : à l’Est du Sud Somalie jusqu’au Mozambique et à l’Ouest à l’embouchure des fleuves Congo et Sénégal ainsi que dans le Golfe de Guinée
- En Amérique : depuis le Sud de la Floride jusqu’au Sud Brésil. La Guadeloupe est comprise dans cette aire géographique
La Guadeloupe abrite la plus grande forêt humide des Petites Antilles sur plus de 4600 hectares avec une grande concentration dans le Grand-Cul-de-Sac-Marin (87%) et dans le Petit-Cul-de-Sac-Marin (10%).
Faune et flore associées
Situées entre terre et mer, retenant les sédiments littoraux dans les racines échasses des palétuviers rouges, la mangrove a une fonction d’habitat, de nurserie et d’alimentation pour de nombreuses espèces de poissons, de crabes et d’oiseaux.
Près de 130 espèces de poissons y ont été observées en Guadeloupe ! Les peuplements sous-marins peuvent être très inégaux d’une zone géographique à l’autre et dépendent notamment de la proximité de la mangrove avec des herbiers et des récifs coralliens. Plus ces écosystèmes sont connectés et en bonne santé, plus il y a de biodiversité ! De manière générale, environ 70% des poissons rencontrés en mangrove sont au stade de juvéniles ce qui signifie qu’elles ont un rôle essentiel pour la préservation d’une vie sous-marine côtière foisonnante.
En tout état de cause, les espèces de poissons de ces zones de mangrove se caractérisent par une grande tolérance aux variations de milieu et peuvent évoluer dans une eau plus ou moins claire et salée.
Menaces
Les principaux facteurs de disparition de la mangrove sont l’urbanisation et l’artificialisation des littoraux, et la pollution des eaux. Les cyclones les plus intenses et la montée des eaux impactent directement la frange littorale provoquant des arrachements et la destruction de palétuviers.
Protection
Les palétuviers rouges sont sous la protection de la « Convention pour la protection et la mise en valeur du milieu marin dans la région des Caraïbes », signée à Carthagène (Colombie) le 24 mars 1983.
Trois protocoles internationaux sont venus préciser les champs d’application de la Convention :
- en 1984 : un protocole pour la coopération internationale en cas de pollution aux hydrocarbures (signé par la France en 1985) ;
- en 1990 : un protocole relatif à la faune et à la flore des aires protégées (signé par la France en 2002)
- en 1999 : un protocole relatif à la pollution par des sources et des activités terrestres (signé par la France en 2007).